Suivi des pertes alimentaires en Afrique

03 novembre 2021

APHLIS aide quatre pays Africains à estimer les pertes post-récolte des principales cultures de racines et de tubercules - une première étape dans le développement de systèmes alimentaires plus durables et efficaces. En collaboration avec des partenaires au Nigeria, au Togo, en Tanzanie et en Ouganda, le projet mène des recherches sur le manioc et la patate douce, des cultures essentielles à la sécurité alimentaire de millions de personnes, dont les pertes le long de la chaîne de valeur sont peu comprises et souvent négligées.

Le manioc est la deuxième culture alimentaire principale en Afrique, pourtant il y a très peu de connaissance sur les pertes de manioc le long de la chaîne de valeur. (Photo : Bioversity International\ Y. Wachira)  

"Le manioc est la deuxième culture alimentaire de base après le maïs" selon Dr. Aditya Parmar, l'un des scientifiques d'APHLIS dirigeant l'étude, "et pourtant il ne reçoit qu'une fraction de l'attention scientifique accordée aux céréales telles que le blé, le riz et le maïs. Il existe une poignée d'études sur les pertes post-récolte des racines et tubercules, mais celles-ci reposent largement sur des enquêtes et des conjectures, et nous avons constaté d'importantes lacunes dans les données et un degré élevé de disparité entre les perceptions et les pertes réelles.”

Des équipes d'évaluation ont sélectionné un échantillon représentatif d'agriculteurs, de commerçants et de transformateurs dans les unités administratives (district / village) de différentes régions du Togo, du Nigeria et de l'Ouganda. Les équipes on fait leurs recherches sur des sites couvrant trois à quatre types agroécologiques différents par pays, collaborant avec des agriculteurs, des transporteurs et des transformateurs pour mesurer et comprendre les pertes qui ont lieu pendant et après la récolte dans ces systèmes alimentaires.

Les études suivent des directives étape par étape sur la mesure directe des pertes de manioc et de patate douce. Ces directives sont conformes à la norme mondiale de comptabilisation et de déclaration développée par le Food Loss & Waste Protocol (FLW Protocol), un partenariat multipartite qui relève le défi d'une mesure cohérente et d'un système de déclaration crédible des pertes et du gaspillage alimentaires.

En Afrique, le manioc et la patate douce sont généralement commercialisés sous forme de racines fraîches ou transformés en produits secs tels que le gari (farine de manioc râpé),  les cossettes et le tapioca. Le but de l'évaluation est de déterminer les pertes à toutes les étapes de la chaîne de valeur des produits frais, de la récolte jusqu'au stockage à domicile, du transport au stockage sur le marché et à la vente au détail, ainsi que les principaux produits de transformation du manioc, à savoir du gari en Afrique de l'Ouest et la farine de manioc en Afrique de l'Est. Les études ont été alignées sur les cycles et saisons des cultures. L'évaluation s'est faite en appliquant la technique de ’suivi des poids' qui consiste à peser la récolte à différents stades de la chaîne de valeur afin d'obtenir des mesures précises de la quantité et de la qualité des pertes à chaque étape. Ces chiffres peuvent ensuite être convertis en pourcentage perdu. Toutes les estimations de pertes issues du projet seront disponibles librement sur le site web APHLIS (www.aphlis.net/fr).

Pesage des tubercules de patate douce au moment de la récolte, lors de l'étude d'évaluation des pertes dans la province de Zio, région Maritime au Togo. Photo : Kukom Edoh Ognakossan) 

Les travaux sont encore en cours (la conclusion étant prévue pour le début de l'année prochaine), pourtant l'impact du projet est déjà perceptible dans trois des pays. La capacité de comprendre où et quand les pertes post-récolte se produisent aide les pays à prévoir l'endroit et le genre de mesure d'atténuation nécessaires, ce qui leur permet de cibler leurs investissements en fonction des données disponibles. Cela leur permet également d'élaborer des stratégies nationales de réduction des pertes post-récolte plus pertinentes et de suivre les progrès pour atteindre leurs objectifs de réduction des pertes. Dans la Déclaration de Malabo de 2014, les gouvernements de l'Union africaine se sont engagés à réduire à la moitié les niveaux actuels des pertes post-récolte d’ici 2025. À l'échelle mondiale, l'objectif de développement durable 12.3 est de "réduire de moitié le gaspillage alimentaire par habitant au niveau des détaillants et des consommateurs, et de réduire les pertes alimentaires dans les chaînes de production et d'approvisionnement, y compris les pertes post-récolte, d'ici 2030". 

"La réduction des pertes post-récolte est essentielle pour augmenter la disponibilité des aliments, pour diminuer la pression exercée sur les terres et les ressources naturelles disponibles, et pour assurer le taux de rendement réalisé dans la production", a déclaré Kukom Edoh Ognakossan, l'expert qui conduit l'étude d'APHLIS au Togo. “Le premier pas de la réduction des pertes consiste à connaître l'ampleur et le genre de pertes qui se produisent. Le projet APHLIS nous a permis d'évaluer les pertes post-récolte dans les chaînes alimentaires complètes du manioc frais et transformé et de la patate douce au Togo, c'est la première fois que cela a été fait. L'évaluation s'est servie de mesures réelles, ce qui est rarement le cas. Nous avons pu identifier les points chauds des pertes post-récolte et documenter les pratiques de manutention le long de la chaîne de valeur pour déterminer des domaines à améliorer." Ognakossan est spécialiste de la post-récolte au Laboratoire de Recherche sur les Agroressources et la Santé Environnementale / École Supérieure d'Agronomie, Université de Lomé, Togo.

Les autres partenaires du projet sont le Département des sciences et technologies alimentaires de l'Université fédérale de l'agriculture à Abeokuta, au Nigeria, les Laboratoires nationaux de recherche agricole (qui font partie de l'Organisation nationale de recherche agricole) en Ouganda, et l'Institut tanzanien de recherche agricole, en Tanzanie.

“L'étude post-récolte présente un grand intérêt pour les transformateurs de gari au Nigeria. Les agriculteurs transformateurs sont impatients de connaître les résultats de l'étude pour pouvoir déterminer les opérations au cours desquelles se produisent les pertes les plus importantes," a déclaré Abdul-Rasaq Adebowale, un partenaire du projet au Nigeria.

Le système d'information Africain sur les pertes post-récolte (APHLIS, African Postharvest Losses Information System) est le principal effort international de collecte, d'analyse et de diffusion de données sur les pertes post-récolte de céréales, légumineuses et de racines et tubercules, y compris les dimensions économiques et nutritionnelles de telles pertes. Les estimations des pertes post-récolte d'APHLIS sont disponibles sur www.APHLIS.net.

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